26 septembre 2014

Destruction des couches archéologiques du secteur historique de la ville d’Épinal


Les travaux d’installation du chauffage urbain à Épinal viennent de prendre un tour particulièrement critique en s’engageant dans le secteur historique de la basilique Saint-Maurice.

Les travaux réalisés il y a plusieurs semaines avaient probablement mis au jour le soubassement de l’hôtel abbatial place Saint-Goëry. Désormais, c’est la rue Thierry de Hamelant qui a été excavée sur deux mètres de profondeur et le réseau vient d’entrer sur la place de l’Âtre. En d’autres termes, la jonction entre la basilique et l’ancienne abbaye d’une part, le cimetière médiéval d’autre part, sont en train d’être traversés par de profondes tranchées.

Or, ces travaux sont réalisés sans aucune surveillance archéologique digne de ce nom. A priori, cela reste à confirmer, mais un premier sarcophage aurait été éventré sur le chantier (cliché) et les couches funéraires sont d’ores et déjà bouleversées.

 
La Société d’émulation du département des Vosges s’alarme de cette situation particulièrement dommageable pour la connaissance et la sauvegarde des richesses archéologiques d’une cité dont le cœur, vieux de plus de mille ans, est aujourd’hui à la seule merci des engins de terrassement.


Depuis bientôt 190 ans, notre société veille à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine archéologique et architectural – comme en témoignent les collections du Musée départemental auxquelles elle a largement contribué – et elle ne peut se résoudre à se taire face à ce saccage programmé. Qui, en effet, pouvait ignorer parmi les décideurs que le réseau traverserait ce secteur si sensible ? Qui pouvait croire que des tranchées de deux mètres de profondeur slalomeraient sans dégât entre les vestiges archéologiques ?


Si rien n’est fait, demain et les jours suivants, le cimetière médiéval d’Épinal continuera d’être attaqué. La Société d’émulation a fait son travail en prévenant à plusieurs reprises les autorités compétentes. C’est maintenant au tour des élus de prendre les mesures de sauvegarde qui semblent s’imposer.


                                                                     

                                                                  Le bureau de la Société d’émulation du département des Vosges

10 commentaires:

SEV a dit…

N'hésitez pas à apporter votre contribution.

LMND a dit…

Ce qui apparaissait comme un sarcophage était un coffrage de pierres plates posées sur chant. On a l'impression qu'il s'agissait d'une réduction de sépulture. Dans tous les cas, la page est tournée car tout a été détruit hier et il n'en reste plus aucune trace... hormis ces clichés.

DLF a dit…

Que rien n'ait été détruit en fait ne change rien, en droit, à la légèreté, pour ne pas dire plus, avec laquelle ces travaux ont été entrepris dans ce secteur. Beati pauperes spiritu...

Gonzague Benfredj a dit…

Tous les vestiges n'ont pas vocation à être préservés, la destruction de patrimoine est souvent conforme à la loi. La DRAC de Lorraine explique que des opérations archéologiques ont eu lieu aux abords de la basilique, mais n'a répertorié aucune fouille préventive au cours des derniers mois. Les rapports de fouilles et documents de synthèse peuvent être consultés librement au service régional de l'Archéologie, 6 Place de Chambre à Metz. Peut-être que vos homologues mosellois pourraient y faire un petit tour...

Emulation a dit…

Bien évidemment, il est illusoire de conserver tous les vestiges archéologiques ; même scientifiquement, cela n'aurait pas de sens. Mais il est choquant de voir des travaux de cette nature dans une zone sensible sans aucune surveillance. Nous touchons une zone urbanisée depuis le Xe siècle, ce qui n'est pas monnaie courante. Quant au SRA qui a été prévenu par les soins de l’Émulation, il connaît fort bien le contexte médiéval dans lequel le chantier se déroule. Simplement, il n'a pas été consulté au préalable par la ville, qui a respecté la loi mais savait fort bien qu'elle demandait aux entreprises de perforer le cimetière médiéval. Si rien n'est fait, il est à craindre que les futurs rapports de synthèse du SRA perdent en consistance...
Alexandre Laumond

Gonzague Benfredj a dit…

Suis bien d'accord.

Gonzague Benfredj a dit…

"La crôôôa-ssance avant tout".

L'Odeur du Sapin a dit…

Avez-vous pensé à envoyer votre article à la Tribune de l'art ? Ils transmettent souvent ce genre d'informations.

Christian Euriat a dit…

A vrai dire, non. Merci pour la suggestion

Christian Euriat a dit…

On pourra lire Vosges Matin du 3 octobre sur le sujet.

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