13 juin 2018

Le tourisme et la Grande Guerre dans les Vosges (1918-1939) : enjeux, stratégies & spécificités


Conférence illustrée donnée par Philippe Alexandre
Professeur émérite de l’Université de Lorraine, membre de la Société d’émulation des Vosges

Jeudi 28 juin 2018 à 20h30 | Amphithéâtre de la Faculté de Droit, rue de la Maix à Épinal | Entrée libre et gratuite

Dans les Vosges comme dans d’autres régions de France et dans d’autres pays, la question du tourisme fut discutée durant la Grande Guerre, en particulier à partir de 1917. On se montrait déterminé à corriger les erreurs du passé, à bâtir une organisation qui permettrait de faire de cette activité une grande ressource économique. De fait, le « tourisme industriel » était appelé à devenir, dès 1918, une véritable cause nationale.
L’Alsace et la Lorraine étant revenues à la France, l’organisation du tourisme se structura dans l’Est de la France ; les Vosges firent partie d’une grande Fédération régionale de syndicats d’initiative travaillant en lien avec le Touring Club de France et d’autres organismes ou organisations comme le Club Alpin et le Club Vosgien.
Le tourisme dans l’après-guerre participa à la période de « deuil » ; de nombreux étrangers, des Américains surtout, furent accueillis ; puis, dans un deuxième temps, se développa un « tourisme des champs de bataille » : la bicyclette, l’automobile, la moto autorisaient désormais une certaine mobilité. Le Club Alpin et le Club Vosgien intégraient la visite des grands sites de la guerre dans leurs programmes.
Mais, les années passant, il fallut bien le constater : les champs de bataille étaient devenus des curiosités comme les autres, qu’on allait découvrir depuis la fameuse « Route des Crêtes » et depuis les centres de villégiature du massif. Le patriotisme d’après-guerre faisait moins recette ; les sites des combats, les dommages causés à la nature ne manquaient toutefois pas de causer quelque émotion.
Cette tension entre souvenir et intérêts économiques caractérise, pour une part, le tourisme de l’entre-deux-guerres dans les Vosges ; mais les Bulletins des associations, comme ceux du Club Alpin ou du Club Vosgien, nous ont laissé des témoignages montrant comment le tourisme a peu à peu contribué à la construction de la mémoire de la Grande Guerre.