Professeur émérite de l’Université de Lorraine,
membre de la Société d’émulation des Vosges
Jeudi 28 juin 2018 à 20h30 | Amphithéâtre de la
Faculté de Droit, rue de la Maix à Épinal | Entrée libre et gratuite
Dans les Vosges comme dans d’autres régions de
France et dans d’autres pays, la question du tourisme fut discutée durant la
Grande Guerre, en particulier à partir de 1917. On se montrait déterminé à
corriger les erreurs du passé, à bâtir une organisation qui permettrait de
faire de cette activité une grande ressource économique. De fait, le « tourisme
industriel » était appelé à devenir, dès 1918, une véritable cause nationale.
L’Alsace et la Lorraine étant revenues à la
France, l’organisation du tourisme se structura dans l’Est de la France ; les
Vosges firent partie d’une grande Fédération régionale de syndicats
d’initiative travaillant en lien avec le Touring Club de France et d’autres
organismes ou organisations comme le Club Alpin et le Club Vosgien.
Le tourisme dans l’après-guerre participa à la
période de « deuil » ; de nombreux étrangers, des Américains surtout, furent
accueillis ; puis, dans un deuxième temps, se développa un « tourisme des
champs de bataille » : la bicyclette, l’automobile, la moto autorisaient
désormais une certaine mobilité. Le Club Alpin et le Club Vosgien intégraient
la visite des grands sites de la guerre dans leurs programmes.
Mais, les années passant, il fallut bien le
constater : les champs de bataille étaient devenus des curiosités comme les
autres, qu’on allait découvrir depuis la fameuse « Route des Crêtes » et depuis
les centres de villégiature du massif. Le patriotisme d’après-guerre faisait
moins recette ; les sites des combats, les dommages causés à la nature ne
manquaient toutefois pas de causer quelque émotion.
Cette tension entre souvenir et intérêts
économiques caractérise, pour une part, le tourisme de l’entre-deux-guerres
dans les Vosges ; mais les Bulletins des associations, comme ceux du Club Alpin
ou du Club Vosgien, nous ont laissé des témoignages montrant comment le tourisme
a peu à peu contribué à la construction de la mémoire de la Grande Guerre.